Après « Silence », spectacle largement plébiscité pour la façon sensible dont il traitait de la vieillesse, de l’isolement en home, de la fin de vie, Isabelle Darras s’est tournée vers le monde insolite et quelque peu oublié que sont les réserves d’objets trouvés en attente de revoir leur propriétaire.
Quand des gosses sont ensemble et qu’ils jouent à s’inventer des personnages et une histoire à partir des objets de leur environnement, ils s’amusent follement. Si des adultes débarquent à ce moment-là, il y a fort à parier qu’ils n’y prendront pas le même plaisir puisque, devenant spectateurs, ils restent étrangers à une action créative en cours.
C’est l’impression ressentie durant le déroulement de « Normal ». Non plus celle d’être devant un théâtre d’objets narrant une tranche de vie à partager, mais plutôt celle d’être embarqué dans une succession de saynètes fantaisistes nourries de couleurs, d’une profusion de choses hétéroclites servant de prétextes à un jeu débridé et rythmé, de transit par des moyens scéniques divers dont la vidéo, d’une volonté de produire des effets visuels et sonores plus ou moins spectaculaires.
Sur fond de parodie du postulat que l’organisme chargé du reclassement des chômeurs les envoie n’importe où sans se tracasser de leurs compétences, tout cela se déroule sur le mode burlesque, caricatural qu’un trio de comédiennes incarne avec énergie. Une énergie dont le tempo se voit rogné à chaque changement de séquence lorsqu’il faut remettre les objets-jouets qui viennent d’être utilisés en place dans un décor qui finit par ressembler à l’étal des loteries foraines.
L’intention initiale de montrer le problème soci(ét)al de citoyens reclassés déclassés demeure loin en arrière-plan. Il y a ici davantage de recherche de moyens de déclencher rire ou sourire que d’analyse de la surconsommation, du travail valorisant dans un monde déboussolé bien avant l’actuelle pandémie.
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