Si tout ne commence pas vraiment avec Maeterlinck (1862-1949), c’est quand même lui, unique prix Nobel belge de littérature, qui marque son époque. La reproduction d’un tableau monumental d’Allard L’Olivier en témoigne à la façon des peintres symbolistes à cheval sur les 19e et 20e siècles. Les principaux personnages de ses pièces y sont rassemblés.
Pélléas et Mélisande, magnifié par Debussy, reste une œuvre importante. Son auteur demeure un des précurseurs de Beckett tant ses dialogues laissent en suspens les non-dits, notamment dans Les Aveugles. De l’Oiseau bleu, on verra le voile de la fée Lumière porté à l’époque par Georgette Leblanc.
Deux autres figures marquantes lui succèdent. D’une part Michel de Ghelderode (1898-1962), puisant dans le folklore flamand et l’histoire du moyen âge et de la renaissance. D’autre part Fernand Crommelynck (1886-1970) qu’on est, semble-t-il en train de redécouvrir.
Du premier, on se souvient d’Escurial, confrontation entre un souverain vieillissant et son bouffon, sorte de préfiguration du Roi se meurt d’Ionesco. Sans oublier Sortie de l’acteur ou La balade du grand macabre. Du second, le visiteur sera étonné par la maquette du décor constructiviste de Lioubov Popova pour Le cocu magnifique destiné à la mise en scène d’avant-garde de Meyerhold. Il signa aussi Tripes d’or ainsi que Une femme qu’a le cœur trop petit.
La génération suivante voit venir à la scène le théâtre poétique et fantaisiste de Paul Willems (1912-1997) : La Ville à voile, Il pleut dans ma maison ou Les Miroirs d’Ostende. Charles Bertin (1919-2002) laisse Christophe Colomb et Le Roi bonheur. À l’instar de Gheldrode, il a aussi composé un Don Juan, de même que Suzanne Lilar (1901-1992) mais sous le titre, cette fois, de Le Burlador.

Après Brecht
Un théâtre neuf naît avec les suivants. C’est René Kalisky (1936-1981), hanté par la shoah, qui fut, entre autres, mis en scène par Antoine Vitez. On se souviendra de Le Pique-nique de Claretta, de La Passion selon Pier Paolo Pasolini et de Skandalon retraçant le parcours du champion cycliste Fausto Coppi. C’est Michèle Fabien (1945-1999) avec Jocaste, Notre Sade et Sarah Z, pièces nourries de mythologie ou de faits historiques.
Les derniers venus sont ancrés dans une dimension plus sociale. Jean Louvet (1934) s’est penché sur la condition ouvrière à travers une forme héritée de Brecht : Le petit train du bon Dieu, Conversation en Wallonie, L’Homme qui avait le soleil dans sa poche… D’une veine nettement satirique, Jean-Marie Piemme (1944) a écrit le Badge de Lénine, Café des Patriotes, Les Institureurs immoraux…
Parmi les livres, les manuscrits, les programmes, la correspondance, les coupures de presse, il est une lettre adressée au rédacteur en chef de l’époque du journal Le Soir ; un certain nombre d’écrivains lui suggéraient, après une générale réussie, de consacrer un article à une création belge. Preuve s’il en est que, déjà au cours des années 50, la presse écrite n’ouvrait guère ses pages à la critique dramatique.
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