Larie, c’est en fait l’avatar de Maxime Taffanel. Un ancien nageur de haut niveau reconverti en comédien qui a choisi de se mettre en scène, seul, pour raconter sa vie si particulière de grand sportif. Une vie tout entière absorbée par la compétition, la victoire, le sacrifice, le dépassement de soi. La perte de soi aussi, quand ça va trop loin.
« Toute une préparation annuelle, à me lever chaque jour à 5h00 du matin, pour une seule course : les championnats de France. » Maxime Taffanel évoque cette rudesse lorsqu’il interprète ce coach au langage fleuri qui, implacable, pousse ses élèves dans leurs derniers tranchements. Quitte à leur couper le souffle.
Cent mètres papillon, c’est vraiment l’histoire de la performance dans ce qu’elle a de plus délirant. La performance, à tout prix. Sinon, le néant. Maxime Taffanel déploie ses ailes pour brasser l’air de toute la scène du théâtre de Belleville. Une fois, deux fois, mille fois, comme un automate éperdu. Avec une grâce chorégraphique, il nage la brasse à 40 battements par minute, le crawl à 70 battements par minute et le papillon à 80 battements par minute, dans un survêtement que, parfois, il laisse tomber pour découvrir un corps sculpté par l’effort.

En actes et en voix
Suant sang et eaux, il tord à l’envi son visage pour incarner une galerie de personnages aux expressions faciales monstrueuses, presque caricaturales : coach, coéquipiers, journalistes sportifs, lui-même. Il parle, et fort, d’une voix gutturale qui tonne dans le silence de la salle.
Il inspire, il respire, de moult fois. Urgence à reprendre sa respiration pour ne pas couler. C’est dense, bien que parfois bruyant, théâtral. Trop démonstratif. On aurait aimé sentir davantage ce flottement suspendu, ce silence sonore si fascinant d'un corps sous l'eau.
Cent mètres papillon a le mérite de nous donner à voir, dans son onirisme autant que dans sa cruauté, le milieu (ses codes et ses rituels) finalement assez méconnu de la natation à haut niveau.