Ce spectacle de théâtre action se présente comme une bande dessinée mise en scène mettant en scène la fin d’une usine et la recherche par ses ouvriers de moyens de résistance pour éviter licenciement et chômage. Cette idée initiale trouve sa concrétisation plaisante grâce au dessinateur Rémi Malengrey qui a conçu des décors et des accessoires qui s’intègrent dans des cases comme il est d’usage dans le 9e art.
La scénographie qui en découle est particulièrement fluide. Un alignement de trois cases, comme dans un livre imprimé, permet des changements de lieux instantanés puisqu’elles sont pivotantes. Les objets, ainsi que certains éléments anatomiques, se présentent aussi sous forme dessinée. La cohérence de l’ensemble est donc évidente et se prête à une atmosphère caricaturale en harmonie avec le ton et la gestuelle parodiques adoptés par l’histoire et le jeu corporel dynamique des acteurs.

Un double fil rouge parcourt la narration. D’abord la structure utilisée pour une majorité de séquences censées être des assemblées générales du personnel de l’usine. Ce qui a pour objectif de montrer à quel point il est difficile d’obtenir un consensus lors d’actions militantes.
Ensuite, le recours récurrent au célèbre petit train historique à rébus que la télévision française balbutiante du début des années 60 utilisait en tant qu’interlude lors des innombrables pannes qui interrompaient ses programmes. Ce qui ajoute à la représentation une incitation vers le public pour qu’il participe en cherchant à résoudre les charades proposées par les travailleurs.
Sur un rythme de cavalcade, les six interprètes sont parvenus à construire un ensemble situé entre le mime et la chorégraphie, la clownerie et la précision synchronisée. Pas le temps de s’ennuyer tant les trouvailles visuelles et sonores sont variées. Et, derrière les pitreries, se perçoivent les mécanismes économiques qui font prévaloir les impératifs d’une finance capitaliste implacable sur les nécessités des personnes sans lesquelles pourtant rien ne fonctionnerait.