Critique - Théâtre - Lyon
Asméraldia, là où les larmes ne pourront plus nous tomber dessus
Entre rêve et cauchemar
Par Jennifer MAYEUR

La pièce débute en douceur, avec la rencontre de Sam et Jade, deux soeurs jouant innocemment aux pilotes ayant pour cap Asmeraldia, la planète sans adulte. La dure réalité rattrape vite les enfants et le public, avec l’entrée sur scène du père, et l’installation d’un malaise qui ne quittera les murs que pour mieux revenir.
Cette famille en crise est dominée par son chef qui maltraite sa femme et ses deux filles, et alterne e rôle de bourreau et celui du protecteur. Victime de son amour, et avec sa peur omniprésente, la mère de famille décide finalement d’envoyer ses filles chez sa soeur. Ce sera l’événement de trop. La tragédie qui devait arriver arriva, et chaque personnage sombre dans un gouffre dont l’issue fatale parvient à choquer tout le monde.
Les scènes s'assemblent comme les pièces d’un puzzle tragique. À l’aide de 4 panneaux noirs déplacés devant nous, la descente aux enfers est chorégraphiée avec un esthétisme original et des enchaînements parfaits. La musique composée spécialement pour cette histoire sublime encore plus le jeu des comédiens, impressionnant de vérité.
Les visages innocents puis terrorisés des enfants, la méchanceté et l’agressivité du patriarche, le désespoir de la mère nous font plonger dans la terreur de leur quotidien. Cette famille se noie devant nous, avec une évolution des personnages extrêmement juste, et la dissolution de ce monde magique qu’est Asméraldia. Les moments poétiques reviennent pourtant jusqu’à la fin… On parsème de douceur, pour mieux retomber dans l’horrible histoire de cette jeunesse dévastée.