Première création de William Forsythe pour ses propres interprètes depuis la fermeture de sa compagnie en 2015 : A quiet evening of dance avec sept danseurs(ses), six habitué(e)s et un nouveau venu, le danseur de brakedance Rauf Yasit. Le chorégraphe américain désormais indépendant revient à la danse classique, reprenant le fil d’un travail qui avait révolutionné le genre à partir des années 1980. Divisée en deux parties séparées par un entracte, la soirée programmée par le Festival d’automne au Châtelet part de deux pièces courtes préexistantes, toutes deux basées sur la notion de contre-point et néanmoins très contrastées.
Très serein comme le souligne son titre, le spectacle rend compte du souci de pédagogie du créateur qui veut « éduquer le regard » tout en cherchant continuellement à aller plus loin dans la modernité du geste et l’épure. Dans un décor on ne peut plus neutre, les costumes passe-partout sont souvent rehaussés de longs gants aux couleurs fluo qui soulignent le geste.
Brakedance
La première pièce, a capella, se déploie surtout en duos, en silence ou sur la respiration des danseurs, amplifiée par des micros de scène. Aussi austère que virtuose, le morceau très analytique constitue une sorte d’idéal de « danse de chambre ».
Le deuxième acte se danse en groupe, sur un choix de musiques somptueusement baroques de Rameau, et présente un rigoureux travail de tressage de la danse et de la musique. Il part des figures qui étaient celles des maîtres de ballet du XVIIIe siècle, revisitées par un regard contemporain. A ce catalogue inspiré, la présence du danseur de breakdance, très spectaculaire, vient apporter un zeste de fantaisie et de drôlerie bienvenu.
On reste sidéré par la vélocité, la virtuosité et l’énergie des danseurs dont la trace des mouvements persiste dans l’espace bien après qu’ils ont attaqué la figure suivante.