Critique - Théâtre - Metz
Je le ferai hier
Je le ferai hier, une pièce qui engage
Par Camille SAINTAGNE

Des jeunes gens se retrouvent par erreur conviés à la même heure au même endroit pour défendre une problématique qui leur tient à cœur : féminisme intersectionnel, réchauffement climatique, réseaux sociaux... Chaque cause est capitale et mérite d'être défendue.
Pauline Huriet nous interroge : Comment peut-on prendre parti tout en respectant les autres revendications, tout en restant à l'écoute ? comment articuler action collective et désir individuel ? S'engage-t-on pour soi ou pour les autres ?
La force première du travail de cette dernière repose sur ce rire du public qu’elle sait manier avec subtilité : éclat sincère, libérateur et communicatif qui gonfe et s’intensife tout au long de la pièce. Peu de répit, le rythme est la clé de voute. Nous sommes surpris souvent, mal à l’aise quelquefois, et cette gêne est exploitée jusqu’au bout pour faire naître de véritables fous rires.
Il en résulte une salle aux aguets ; assise sur son siège du bout des fesses, entièrement tendue vers l’espace scénique. Le complet de ce soir là rend l’atmosphère encore plus électrique, les comédiens passent par-dessus les jambes des spectateurs, jouent avec cette proximité. Ce n’est qu’à la fin de ces 1h30 que les muscles se détendent et que l’on sort, un peu sonné, le sourire aux lèvres.
En ayant su tirer proft du potentiel comique de ses six acteurs talentueux, Pauline Huriet a croqué des personnages attachants. C’est ce genre de théâtre qui nous met naturellement dans cette position de vouloir prendre part, un théâtre véritablement ouvert qui ne cache pas sa jouissance d’être sur scène, qui donne envie de monter sur les planches ou d’y re-monter, qui incite à s’enfermer encore et encore dans une salle de spectacle, qui nous engage tous, finalement.