Plutôt difficile, lorsqu'on appartient à une bande, de se désolidariser d'un acte commmis parce qu'on a été presque inéluctablement entraîné dans le feu du moment, le plaisir d'aller ensemble transgresser des règles, la sensation de se sentir puissant et intouchable. Alors, lorsque l'improbable se produit, c'est la consternation, puis la solidarisation.
Adam, la cible souffre-douleur du clan vient de tomber dans un puits de mine, poussé par le harcélement de ses tortionnaires. Impossible dele récupérer, mort ou vivant, sans risquer de faire la même chute. La loi du silence s'applique de gré ou de force. Et, afin d'éviter le pire, le chef décrète un plan qui laissera sur place des indices susceptibles d'orienter une probable enquête policière vers un suspêct imaginaire. Le plan fonctionne. Sauf que la police arrête un individu qui risque de passer en jugement.
Débordement. Rebondissement. Faut élaborer d'auttres actions, s'enfoncer davantage dans le mensonge et l'impossibilité de dévoiler la vérité. Ceci entraîne de nouveaux délits et méfaits. Jusqu'à l'éclatement de la bande dont on apprendra qu'elle continue avec un autre leader.
L'intérêt de ce fait divers réside dans sa ressemblance avec de récentes affaires de cruauté gratuite tragiquement tournée. Les médias y ont fait largement audience. Les pistes de réflexion sont multiples.
Le texte de Kelly montre de l'intérieur le fonctionnement du groupe et le mécanisme de l'escalade. Il trace des portraits d'ados, révèe le processus mental qui les entraine mais y ajoute leurs doutes, leurs faiblesses, leurs tergiversations.
Le leader, Phil, dans sa placehiérarchique, organise, ordonne, répartit, dirige. Dans la vie ordinaire il est quasi mutique, muré au milieu de pensées enfouies, de désirs inavoués et inavouables. Il donne l'impression d'être imperméable aux émotions, castré sentimental, impuissant à aller vers l'autre si ce n'est pour dominer. On lui pressent pourtant une aspiration à autre chose.
Léa, aspirant à le séduire, est volubile, prompte à étaler ses connaissances et ses sensations. Une autre est prête à tout pour demeurer dans le groupe. Une autre pense queses études vont devoir primer. Richard vise la place de bras droit, l'égalité avec le chef. Bryan, lui, atteint d'un léger trouble mental, suit, se laisse manipuler, cherche à s'amuser n'importe comment.
Chaque comédien colle à son personnage. Le jeu est net, précis, énergique. Chacun campe son rôle jusque dans les détails et ce dans un décor cahotique qui facilite la visualisation des différence de niveaux de pouvoir entre le plateau et les cintres, les tensions surgies cà et là,au sein d'un espace cerné par le noir des nuits. Le texte de Kelly est construit à travers la succession des révélations qui maintienent le suspense, à l'instar d'un excellent polar.