Le fil conducteur de l'histoire est simple comme la vie en ses apparences. Sa réalisation scénique est plus complexe et permet de donner aux personnages une consistance susceptible de dépasser un scénario presque banal qui, au départ, ressemblerait à celui d'un roman-photos.
L'idée de donner les rôles à des comédiens musiciens insuffle au spectacle une énergie particulière puisque la musique est totalement intégrée à l'histoire. Le mélange des dialogues avec des chansons opère un bénéfique rapprochement de cette pièce avec la comédie musicale. Les compositions rythmiques contribuent à donner de l'épaisseur à la présence physique des acteurs.
La simplicité de l'intrigue est enrichie par une alternance entre le vécu de Benoit et ses rêves. Nous passons ainsi fréquemment du réalisme quotidien aux espoirs du jeune homme amateur de science fiction et de super-héros. Les relations entre les protagonistes apportent également quelque épaisseur au propos. C'est le harcélement de Benoit par un condisciple, l'hésitation amoureuse de Sandra entre les deux ados, la frustration produite chez l'enfant par les absences d'un père absorbé par son travail ajoutée à son idéalisation.
La musique porte l'ensemble. Les musiciens se donnent pleinement à leurs partitions et ne déméritent pas lorsqu'ils endossent la personnalité de ceux qu'ils incarnent. Nul temps mort, une impressionnante variété des éclairages, une énergie constante capable de donner un impact aux répliques les plus ordinaires ou les plus oniriques. Une réalisation vigoureusement optimiste sans éluder des interrogations fondamentales d'un âge durant lequel il faudra, bon gré mal gré, passer d'une certaine innocence enfantine à une prise en compte plus pragmatique du réel.