Critique - Jeune Public - Huy
Le petit chaperon rouge
Course poursuite avec D.J.
Par Michel VOITURIER
Un parcours de dessin animé, voilà ce que devient ce vieux conte rabâché lorsque le Petit Chaperon rouge rêve d'être super héros et que le Grand méchant Loup est timoré, casanier et très peu carnassier. Voilà de quoi pulvériser les systèmes éducatifs stéréotypés qui cherchent à catégoriser des classifications sociales, les sexes en masculin et féminin avec domination de l'un sur l'autre.
En effet, ici, chez le Petit, prétendument afin de le protéger, tout est interdit et rien n'est permis tandis que chez le Grand, afin d'être dominant, il faut être méchant, agressif, vorace, impitoyable. Rien ne va donc plus lorsque le Chaperon aime l'aventure, les risques, les découvertes, le contact avec l'autre; lorsque le Loup est poltron, frileux, émotif.
On imagine ce que cela donne lorsque les deux comédiens (Simon Espalieu et Julien Rombaux) se déchaînent dans la caricature, courant, bondissant, se faufilant, dérapant, repartant, glissant, frétillant, grimaçant. Ils ont adopté l'allure des personnages de dessins animés dans les meileures courses poursuites de Tex Avery ou de Chiniky et consorts.
Ils sont particulièrement soutenus par un DJ déjanté (Daniel Offermann) qui mixe des sons, émet des borborygmes et des variations vocales, lance des musiques, des bruitages dans la création d'une bande sonore halluciante. Et le décor imagine par Sarah Debattice, conçu de manière très design autant que symbolique, permet des entrées et sorties ultra-rapides, des moments de cache-cache inénarrables avec galopades, sauts, surgissements impromptus bien que calculés.
Les gags sont drôles, inventifs. Le jeu est marathonien tout en étant de la rapidité d'un 100 mètres. Et, ce qui ne gâte rien, les poncifs de conditionnements des enfants volent littéralement en éclats. Eclats de rire, bien entendu.