Critique - Théâtre - Avignon Off
La princesse Maleine
Au royaume des marionnettes
Par Michel VOITURIER
Pour animer d’étranges marionnettes à l’anatomie composée d’éléments géométriques, ils sont deux. Ils seront également tous les deux à donner voix à l’ensemble des personnages qu’ils manipulent en parlant et installant les décors. Leur travail n’est pas commode. Et la compréhension des dialogues, surtout la perception à avoir de l’identité de chaque interlocuteur, est malaisée.
Lorsqu’on a affaire à des polichinelles traditionnels, il suffit d’agiter quelque peu le pantin personnage pour que le public se repère. Dans le cas précis du Théâtre sans Toit, leur conformation, esthétiquement intéressante, ne permet guère de gestuelle. Puisque les comédiens-marionnettistes ne sont pas parvenus à typer vocalement la totalité des protagonistes, il y a des moments de flottements.
L’ensemble est intéressant avec son castelet à cadre extensible. Il permet entre autres de jouer avec des ombres chinoises, des décors en découpage, des apparitions et des disparitions. Et même des interventions directes des manipulateurs. Il est conçu de telle façon que les pantins semblent glisser avec une fluidité très particulière sur le sol qu’ils parcourent, leur accordant de la sorte une présence énigmatique que renforcent les effets musicaux efficaces de Shelley Katz.
L’histoire écrite par Maeterlinck se retrouve à travers la succession des séquences. Son fantastique poétisé perd cependant un peu de son mystère car la mise en scène accentue l’effet de distanciation que possèdent naturellement les marionnettes. Et les quelques tentatives de mise en abyme par l’irruption des comédiens-marionnettistes crée une confusion des genres plutôt disparate.