Critique - Théâtre - Paris
Dans la solitude des champs de coton
Deal pour un duo de fauves
Par Noël TINAZZI
La mise en scène hypnotique de Charles Berling de Dans la solitude des champs de coton, créée en 2016, repasse pour quelques jours seulement dans le très approprié décor de la Grande Halle de La Villette. Le metteur en scène et acteur joue le rôle du client dans cette pièce très écrite de Bernard-Marie Koltès (1985), tandis que l’actrice et chanteuse Mata Gabin joue celui du dealer (rôle habituellement dévolu à un homme). Transposition sans dommages pour la pièce, bien au contraire, tant la comédienne avec ses allures félines de rapeuse tend à chorégraphier le rapport entre les deux protagonistes, indissolublement liés l’un à l’autre dans cette impitoyable confrontation verbale et physique.
Situé dans le clair/obscur d’une nuit trouée de néons, le décor figure symboliquement l’amorce d’un pont et se prolonge dans les rangs du public comme pour l’impliquer dans la transaction dont on ne connaîtra jamais la teneur exacte. Tendu par la brûlure du désir et l’imminence du danger, l’échange, composé de monologues alternés, devient une métaphore des relations commerciales. Et finalement des rapports humains tout court.