Quelques semaines seulement après le "Macbeth" de Georges Lini au Parc, voici le "Macbeth" de Michel Dezoteux au Varia. Mais cette dernière version s'inscrit dans une trilogie sur la folie dont elle est le dernier volet. Il y eut d'abord "Hamlet"* de Shakespeare, ensuite "Woyzeck"* de Büchner, avec un même et magistral interprète: Karim Barras. Le choix de ces trois oeuvres bien différentes était le résultat de discussions entre metteur en scène et acteurs/trices.
Afin de concentrer l'action sur ce personnage principal, l'histoire "pleine de bruit et de fureur" est réduite à l'essentiel du récit (certains élements étant censés être bien connus) et à une intemporalité certaine. Des personnages: huit acteurs/trices au total -Eric Castex, Coraline Clément, Blaise Ludik, Fanny Marcq, Vincent Minne, Denis Mpunga, Baptiste Sornin- pour une bonne quinzaine de personnages shakespeariens, des interprètes qui se connaissent très bien et ont travaillé souvent ensemble, et depuis longtemps. C'est ainsi qu'une seule/Fanny Marcq figure les trois sorcières-prophétesses et devient plutôt une sorte d'Apparition céleste.
"Macbeth est un grand assassin"(M.Dezoteux)
Comme il y a plusieurs sortes de folie, il y a différents degrés dans son expression: la folie de Macbeth est criminelle, sanguinaire, il l'exprime à plusieurs reprises ; celle de Lady Macbeth/Coraline Clément est plus insidieuse mais l'ensemble se déroule sur un vaste champ de bataille réel ou restreint, où tous les coups sont permis. Pas de notion de dynastie à cette époque, la royauté, le pouvoir, se conquièrent !
Depuis le départ, le vainqueur Macbeth auréolé de gloire comme tous ces guerriers qui l'entourent - Banquo/Vincent Minne général comme Macbeth du Roi Duncan/Eric Castex - sont très respectés dans leur barbarie et l'on voit le cruel chemin se dessiner... Pour Macbeth, après la gloire vient l'Ambition, et l'envie pressante d'en vouloir toujours plus, et cela surtout quand une Lady Macbeth l'y pousse avec vigueur.
Outre l'adaptation, la mise en scène, la scénographie également de Michel Dezoteux, rappelle celle qu'il avait utilisée pour "Woyzeck": permanence de pénombre, d'un peu de brume, où l'on distingue des parois et des cages de métal, des grilles et portes, qui évoquent un univers glauque et glacial.