Alors, un miracle ? Non, le résultat d'années d'acharnement artistique. Pas de bonne fée, plutôt des professeurs et "Maîtres" exigeants, et pas de baguette magique, plutôt celle de chefs d'orchestre qui le sont tout autant.
Tentative d'explication de ce qui ne s'explique pas... Après les prêtresses de Vesta, ces vestales, chargées d'entretenir le "feu sacré", il y eut l'expression :"Avoir le feu sacré" qui s'applique souvent aux gens de théâtre car les conditions pour exercer son art sont loin d'être faciles; l'investissement personnel est profond, tenace, durable.
Toutes ces qualités, Julie Mossay les possède largement. Et voilà pourquoi et comment lui est venue l'idée de raconter son parcours, comme un témoignage de ce qu'on peut forcer son destin; des "Mémoires" racontées par une toute jeune cantatrice, voilà qui n'est pas banal.
Et ce n'est pas la seule originalité de cet spectacle plutôt inclassable, à l'image de Julie Mossay, dont le "répertoire" aborde classique, jazz et variétés et qui, à ses talents vocaux, ajoute ceux de jeu scénique. Mais elle n'est pas seule.
Pour illustrer ses flashes de souvenirs ou ses confidences, deux comédiens: Didier de Neck (ou Christian Crahay, en alternance) et Didier Colfs (ou François-Michel van der Rest, en alternance) se partagent plusieurs rôles: instit' méprisant, prof pédant, chef d'orchestre tyran... ainsi qu'un pianiste, étroit partenaire:Johan Dupont (ou Fabian Fiorini, en alternance)
Dans une scénographie simple, outre la superbe présence d'un piano, un réseau de minces lamelles de rideaux argentés en fond de scène aident à faire surgir lieux, moments, et différents personnages en apparitions fugitives.
Une entreprise friturière et un parcours généreux
Tout commence dans le culte de la "bintje", un culte familial, initié par le père, personnage omniprésent dans la vie de Julie enfant (et même adulte)... Il a créé un veritable empire où tous les membres de la famille étaient désignés comme héritiers naturels car l'homme a le sens des affaires et possède un réseau de "friteries", dans un environnement qui porte au dépassement de soi : les "boucles de Spa" d'un circuit automobile fameux.
Davantage que le commerce, c'est le sport qui aurait marqué la fillette, -au grand regret de son père- et notamment la réflexion d'un spectateur:"là, c'est le crash ou l'extase"...
Alors qu'elle affiche une belle ouverture d'esprit, elle revendique toutefois dans ses goûts éclectiques -de "Starmania" à "Carmen" ou à son cher Franz Lehar- une préférence marquée pour l'opéra et ses "grandes maisons" où elle se sent si bien, dit elle. Tout dernièrement, on la voyait encore sur le grand plateau de l'Opéra Royal de Liège-Wallonie dans un Rossini ("Le Comte Ory") alors que la voilà maintenant évoluant si proche des spectateurs, dans l'espace particulier et intime de cette "salle des voûtes" du théâtre Le Public.
Avec l'aide d'un auteur, Paul Pourveur*, et de metteurs en scène, Axel De Booseré et Maggy Jacot, connus et confirmés, elle a voulu par la même occasion et en toute convivialité, offrir une occasion rare pour un public le plus large, de partir à la rencontre de l'art lyrique, en bousculant a-priori et clichés.