Critique - Théâtre - Leuze-en-Hainaut
La porte du diable
La tradition à tringle
Par Michel VOITURIER
Didier Balsaux a hérité du castelet et des marionnettes familiales d’un théâtre né au début des années 40. Il en est le principal bateleur. Il a la gouaille et la faconde de celui qui harangue les foules des festivités populaires. Il interpelle les spectateurs, les incite à réagir mieux qu’un chauffeur de salle d’émissions télévisées. Il est prêt à la répartie, quoi qu’il arrive. Il ne craint pas les allusions aux faits locaux de la bourgade où il a amené sa charrette.
Il est secondé par une faire-valoir, jeune et pétulante, Astrid Akay, qui fait ses premières planches autrement que sur une scène habituelle. Elle a l’étoffe pour jouer aussi bien les complices que les souffre-douleurs, l’accessoiriste que la partenaire. Et s’amuse manifestement avec son compère.
L’histoire importe assez peu. Elle sert de prétexte à interactivité avec le public, comme c’est encore le cas aujourd’hui, par exemple, dans les grandes salles de cinéma de l’Inde, afin qu’il conspue quand le méchant surgit, qu’il informe et conseille quand le héros est en danger ou en perplexité. Sorte de jeu de ping-pong verbal entre les comédiens et les spectateurs sans vainqueur ni vaincu.
Le plaisir réside en grande partie dans cette joute au milieu de personnages manichéens, de morale et de merveilleux élémentaires. Un rappel sympathique du passé. Un moment d’humour et de défoulement dépouillé de toute violence réelle. De surcroît, enfants et parents retrouvent les célèbres personnages liégeois de Tchantché et Nanesse.