Critique - Théâtre - Oullins
Chaussure(s) à son pied
Plongée dans l’Amour turakien
Par Jennifer MAYEUR
“En Turakie, les parades nuptiales et le comportement amoureux sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’Humanité” nous explique Michel Laubu. La compagnie du Turak a donc travaillé plusieurs années sur ce thème, en l’enrichissant d’une pointe d’éthologie : l’étude du comportement animal.
Chaussure(s) à son pied
C’est d’abord Carmen que nous rencontrons à la recherche de son prince charmant, d’une chaussure à son pied. Sur un terrain parfois hostile et parsemé de loups, ses attentes sont parfois vaines et ses rencontres malencontreuses. Sur un terrain modulable et glissant, Emili Hufnagel seule sur scène va flirter, danser, vivre sous nos yeux émerveillés ces romances aux douces notes de l’opéra de Bizet. Les mouvements du corps se mêlent à la perfection à l’ambiance féérique de ce décors parsemé de jeux de lumières et des tonalités du violoncelle envoûtantes.

Parades Nuptiales en Turakie
Après un entracte nous permettant de nous remettre de nos émotions, on rencontre le père fondateur de ce monde féérique : Michel Laubu. Il va nous présenter la “pré histoire amoureuse” comme un professeur, un conteur, un enfant s’amusant avec ses jouets et amis imaginaires. Mise en scène par Emili Hufnagel qui incarnait Carmen dans la première partie, on suit cette fois Mikaela à la recherche de l’Amour. Un cupidon turakien va sélectionner plusieurs prétendants et organiser un “speed dating” complètement fou. On terminera sur les noces turakiennes avec des personnages rappelant les rencontres que l’on peut faire lors de ce type d’événement.
Après le succès d’Une Carmen en Turakie, la compagnie a imaginé ces suites aux événements de l’opéra classique. Dans ces deux scénographies où l’écrivain et comédien est seul sur scène avant de devenir metteur en scène, l’expression “seconde vie” prend tout son sens. Chaque objet va renaître sous une forme toute autre dans les mains expertes de ces comédiens qui marient maîtrise du corps, des expressions, du langage et de ses codes. En Turakie on prend son temps pour faire voyager le public. Il entre alors dans un univers théâtral incomparable qui l’émerveille, le touche et l’amuse.