Une table de travail, quelques papiers épars et un homme. Universitaire, comédien ou ombre de Jean Zay. Un homme qui prête sa voix à ce politique que les manuels d'histoire oublient bien souvent. Député et ministre du Front Populaire, initiateur et défenseur de grands projets éducatifs et culturels, Jean Zay est loin d'occuper la place qu'il mérite dans la mémoire collective. La lecture qui nous est ici faite d'une sélection de lettres à son épouse et d'extraits de son journal de bord permet d'entrouvrir une porte sur sa grandeur.
Sa grandeur d'âme tout d'abord. Gardant confiance en la Justice malgré l'iniquité des tribunaux à son endroit. Ferme dans sa certitude d'oeuvrer pour le bien. Tel un phare qui devrait briller encore pour nous aujourd'hui. Grandeur politique ensuite, de celui qui a tant oeuvré pour l'accès à la culture et à l'éducation. Au point qu'on lui doit aujourd'hui encore tant de notre quotidien, sans même le savoir. Grandeur personnelle enfin, de cet individu qui refusa l'adversité et toujours crut en l'humain, malgré la petitesse des hommes.
Alors il est urgent d'écouter les mots que nous donne à entendre Yves Mugler. Tout en sobriété et retenue, il fait briller la flamme de l'espérance en un monde plus juste. Sans pathos ni effet déplacé. Un geste, une esquisse, un regard. Et une voix qui lit, vibre et porte les mots de Jean Zay. Comme pour mieux les laisser prendre toute leur place. Méritée.