Critique - Théâtre - Ath
Is There Life on Mars ?
L’autisme est un état exceptionnel
Par Michel VOITURIER

En guise de prologue, un rapport direct avec le réel au présent et avec l’option de travail de la metteure en scène : les comédiens, casque aux oreilles, écoutent et jouent les paroles de spectateurs interrogés juste avant leur entrée en salle. De quoi montrer qu’on part du vrai mais qu’il s’agit bien de théâtre. Ce postulat posé, la suite coule d’évidence.
Les séquences se succèdent avec une extraordinaire fluidité. Les interviews sont incarnées par les acteurs qui s’adaptent chaque fois comme s’il s’agissait de personnages. Ceux-ci sont tour à tour optimistes, dubitatifs, lucides, désemparés… Ils sont, c’est selon, soit en solo, duo, trio ou plus ; soit en couple, en famille, en dialogue avec un praticien.
Chaque circonstance porte sa différence. L’espace scénique se divise en plusieurs : l’avant-scène, le plateau lui-même, une grande surface verticale translucide barrant l’ensemble. Ce décor est divisé en compartiments de grandeurs variables. Dans la plupart, ce sont des cases dans lesquelles apparaitront et disparaîtront des objets, des comédiens en situations ; certaines serviront de portes permettant des entrées et des sorties comme des coulisses ordinaires.
Les surprises tiennent à ces dispositifs. Elles viennent également des accessoires, des tenues. Quelquefois c’est muet, chorégraphié, agrémenté d’éclairages inattendus, soutenus par une bande son diversifiée à l’envi. L’esthétique générale est totalement cohérente. Difficile de parvenir à un travail plus parfait que celui-là qui se refuse à miser sur la superficialité de l’émotif mais se comporte comme un dossier informatif attrayant dont nous sortons avec un regard neuf sur cette déviance mentale restée si mystérieuse. La seule réticence tiendrait plutôt au titre du spectacle : pourquoi ce recours à l’anglais pour une production appartenant à la francophonie ?