En cette fin de mars 2016 -le 26 exactement-, la présentation de la 70è édition du Festival d'Avignon par Olivier Py à l'Institut de Monde Arabe de Paris (le lendemain, bien sûr, de celle en Avignon), avait indubitablement quelque chose de politique. Sur le grand écran en fond de plateau, derrière donc le directeur du festival, l'affiche signifiait clairement une sorte de 'ras le bol' du monde dans lequel on patauge. L'illustration -un jeune cheval ruant dans les brancards pour, sûrement, retrouver plus de liberté- conçue par l'artiste Adel Abdessemed, évoque sans trop se tromper ce désenchantement d'une époque qui ne promet pas d'avenir meilleur.
Olivier Py, directeur pour la troisième fois du festival, regarde et commente ce monde. "Comment vivre quand ce vent (de l'Histoire) se tait ? Comment vivre une vie digne quand la politique est sans espoir, oublieuse de l'avenir ", écrit-il dans l'avant-programme du festival". Et, encore très politique mais sans oublier le poète, il insiste : "Nous désirons hautement que le triste spectacle du monde et de notre impuissance trouve une contradiction sur la scène faite d'émerveillement et de courage". Py, quand il divulgue et commente son avant-programme avec les quelques 51 spectacles annoncés, ne cache pas son désir d'en découdre. Est-ce pour cela que cette année, l'artiste Py se fera discret en ne présentant qu'un seul spectacle (itinérant), "Prométhée enchainé, pièces de Guerre" (du 6 au 23/07)" d'Eschyle,à la gloire de la liberté de l'homme. Toute une histoire.

Ivo Van Hove
De tout cela, il faut retenir que cette édition 2016 avec ses 51 spectacles comptera, notamment, 36 créations. La carrière de Boulbon sera réouverte. Le grand metteur en scène flamand Ivo Van Hove ouvrira les festivités dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes avec "Les Damnés" d'après Visconti, Baddalucco et Medioli (du 6 au 16/07).
Globalement, si O. Py a un peu réduit sa programation, il la politise, la féminise (un tiers des propositions), c'est clair. Le "patron" souligne les 70% de découverte, les 30% de retrouvaille et les 34 artistes qui se produiront pour la première fois à Avignon. On notera que l'espagnole Angelica Liddell retrouvera Avignon avec "Qué haré yo con esta espada ?". Dans la Cour d'Honneur, Amos Gitaï proposera sa version "Yitzhak Rabin : chronique d'un assassinat". Krystian Lupa sera du côté de Vedène avec "Place des Héros". D'autres noms familiers seront au rendez-vous, les Thierry Thieu Niang (danse), Julien Gosselin, Jean Bellorini, Arnaud Meunier, Aurélien Bory, Thomas Jolly, Nicolas Truong, Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet dans la Cour d'Honneur...
Bref, en repérant les propositions des "Sujets à Vif" et autres interventions comme "Les Ateliers de la pensée", "La Nef des images", "Fictions & Emissions" (France Culture) et autres "Ecrits d'acteurs" (Adami) ..., le programme du In de Juillet promet. Quant au "patron", sa prestation artistique sera donc plus discrete que les années précédentes.