Peu d’accessoires dans un décor sommaire dont le principal élément est un pan de cloison, au fond, face au public. En son milieu, une porte, celle du temps - ou du conscient – que vont emprunter les personnages au fur et à mesure que la mémoire de la principale protagoniste les convoque ou les renvoie. En remontant le temps elle part à la rencontre de la petite fille qu’elle a été (Eva Dumont) et que comme tout un chacun elle porte encore en elle. Son voyage l’entraîne au-delà de sa naissance jusqu’à la jeunesse de ses parents.
Autre élément du décor, des chaises ; ces éléments de salle d’attente, de réunion, de tour de table… de procès peut-être. Elles sont au départ presque enchevêtrées avant par la suite d’être successivement face à face de part et d’autres ou même dans des directions différentes. Des projections sur le pan de cloison situent temporellement et géographiquement les scènes remémorées, qu’il s’agisse de géographie physique, domestique ou intime.
Chacun de ces voyages est comme une pièce de dentelle dont on ne saurait immédiatement quel sens ou quel rôle lui donner. Au fur et à mesure se met en place une chronologie, jusqu’à la dernière pièce qui parachève l’ensemble et dessine, enfin mise à plat, la vie de l’héroïne. Servi par une distribution à fois solide et brillante, ce voyage arrêté, qu’elle fait, d’abord interdite au pays de l’interdit, débouche sur une réconciliation intérieure entre l’enfant et l’adulte.
Rétrospectivement, elle réalise n’avoir pas vraiment eu affaire à des êtres mais des gens préoccupés de sauver les apparences au risque d’y perdre tôt ou tard leur parentalité (sont-ils les a-parents ? - ce que peut phonétiquement au moins suggérer le titre) et d’altérer grandement la personnalité de cette enfant. Une brillante démonstration – de théâtre d’abord ! – et du danger de vouloir taire et cacher les éléments primordiaux et fondateurs d’une personnalité.