Festival OFF - Théâtre - Avignon Off
Le porteur d'histoire
Une vibration de l'air
Par Julie LEMAIRE

Sur le mini-plateau de la salle 2 du Théâtre des Béliers, les comédiens nous attendent assis sur leur tabouret. Derrière eux, un tableau noir. Il abritera des dates, des noms : 1822, 2001, Adélaïde de Saxe Bourville... Que savons-nous de ces coups de craie ? Et que savons-nous de l’Histoire, si ce ne sont quelques dates apprises par cœur, quelques grands faits racontés par des récits ?
Dans une course effrénée à transmettre, les 5 comédiens Parisiens endossent le costume de dizaines de personnages tantôt obscurs, tantôt maîtres de pouvoir – telle Marie-Antoinette. Ils doivent de toute urgence livrer leur héritage, un amas de livres tamponnés d’un calice, et un trésor à la hauteur de la fortune de l’Eglise, transmis par la sagesse d’une famille de femmes avant d’être décapitées.

Du théâtre cinématographique
À la naissance de cette pièce-feuilleton digne d’une adaptation cinématographique et déjà aussi mordante qu’un « Da Vinci Code », le metteur en scène, Alexis Michalik, a proposé à sa troupe des Los Figaros un squelette d'histoire. Pour lui donner chair, ils improvisent et construisent, avec un créateur son et une costumière aussi importante que les acteurs, une épopée de la nuit des temps, dont la véracité des faits ne demande qu’à être vérifiée par vous.
Les personnages sont justes et attachants, les dialogues oscillent entre modernité – puisque le porteur d’histoire est bien de notre XXIème siècle – et parlers d’époque. La musique et les bruitages nous plongent dans l’action comme si nous la vivions avec eux, et le dénouement est aussi magique qu'inattendu.
Le succès est assuré pour cette pièce témoignant, avec humour et amour, d’une profonde connaissance historique et littéraire ainsi que des multiples possibles de l’Histoire. Chacun la suit comme un feuilleton littéraire à la Dumas, avec la jubilation d’une mise en scène au rythme surprenant.