Une chaise pour tout décor. Douche "bleue - blanc - rouge", costard-cravate, petit mouvement d'épaule. On a presque du mal à reconnaitre le comédien dans cette tenue d'énarque accompli. Dans cette posture de politicien à la tête d'un pouvoir qu'il semble vouloir exercer sans limite. Entre stand-up et monographie cynique, Pratt nous dresse un portrait au vitriol du pouvoir. Et de celui qui l'exerce.
Sans tabou, il met en lumière les problèmes de société, rebondit sur l'actualité, revient sur le social. Dessine une caricature délicieusement assassine du politicien arriviste, avide de reconnaissance et sans concession. Dans une prestation imitant fort bien à la fois le geste et le rythme d'élocution du président.
Les tableaux se succèdent, alternant confessions privées et discours officiels, coulisses et prestations publiques. Et qu'il prépare l'inauguration d'un hôpital, recoive les hommages poétiques d'un enfant ou réinvente les indulgences, le personnage devient de plus en plus petit. Dans tous les sens du terme. Trépignant tel un enfant gâté devant le jouet qu'il vient lui-même de casser. En reportant la faute sur un autre. Forcément.
Alors, sans doute le discours de Pratt est-il ici moins directement corrosif que dans ses stand-ups traditionnels. Mais le message ne l'est pas moins. Et si l'on peut penser que le spectacle manque un peu d'originalité (il était difficile de l'être sur un tel sujet), il cristallise toutes les justes frustrations, colères et exaspérations d'une grande partie de la population. Pratt signe ici un bel engagement politique. Fidèle à lui même. Sans Dieu. Ni maître.